Dès l'arrivée de la famille Dussollier à Cruseilles,
nos familles se sont retrouvées assez proches : nos
mères se connaissaient pour avoir fréquenté le même
lycée à Annecy, et nos pères pour se côtoyer souvent
dans l'exercice de leurs fonctions (Trésorier
Municipal et Maire de Cruseilles). Les parents
d'André étaient, à cette époque, un des premiers
foyers de Cruseilles à être équipés d'un téléviseur
couleur, et de ce fait, André, qui se sentait un peu
seul à la maison, nous invitait, mes frères et moi,
pour regarder certains reportages sportifs (les 24
heures du Mans, par exemple).
Puis, au début des années 60, nous nous sommes
retrouvés étudiants au Lycée de Saint-Julien en
temps qu' "internes externés" (comme il aime bien le
raconter lors de certaines de ses interviews) :
interne la journée au lycée, chambre en ville la
nuit. Chaque lundi matin, la 403 noire de M.
Dussollier nous emmenait à Saint-Julien pour nous
reprendre en fin de semaine. Au lycée nous avions
l'occasion de nous rencontrer, André, Alain Artaud,
le fils de l'instituteur de Copponex, et moi-même,
soit dans une salle d'étude qui se transformait
rapidement en salle de détente, soit le mercredi
après-midi en sports collectifs (basket ou rugby… et
oui! le prof de gym n'était pas footeux!)
Le ballon rond à Cruseilles nous a peu donné
l'occasion d'évoluer dans la même équipe; les
parents Dussollier n'encourageaient pas leur fils,
au contraire, à pratiquer ce sport qui leur
paraissait violent ; et pourtant les gestes
techniques d'André étaient évidents et de qualité ;
il lui fallait souvent, au début, user de
stratagèmes pour sortir de la maison le dimanche
après-midi et retrouver ses équipiers aux Gorges ou
sur d'autres terrains de la région. Les rares
rencontres où nous nous soyons côtoyés sur un
terrain de foot se sont faites à l'occasion de
matches de gala, l'un, organisé conjointement par
André avec ses amis du sport et du show-biz parisien
et par la presse régionale, le Dauphiné en
l'occurrence ; l'autre, organisé par le F.C.
Cruseilles, et pour lequel André m'avait toujours
assuré de sa présence, pour le départ des anciens de
l'équipe fanion : les Bouchet, Lavorel et Revillard.
A chacune de nos retrouvailles c'était le même
refrain : -"Quand je repasse dans la région je
m'arrête." Je sens qu'il a envie de revenir, de
prendre du temps pour encore et toujours parler de
sa jeunesse passée à Cruseilles, mais son emploi du
temps ne le lui permet pas. Alors, chaque fois que
je peux, je m'arrange pour faire coïncider un voyage
à Paris avec une représentation théâtrale où André
évolue et où l'on peut se rencontrer après le
spectacle, en attendant qu'il m'invite à le voir
tourner une séquence de son prochain film!
Geo Revillard
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