Pour Dawa, l’important, c’était de participer

Dachhiri Sherpa, Dawa

 
pour les intimes, est un sportif émérite. Sa spécialité : la course en montagne, où il s'illustre régulièrement, lui, le natif d'un petit village perché à 2700m. d'altitude dans la région de l'Everest. C'est là qu'après 7 années de monastère, il a débuté comme cuisinier dans les treks. Par la suite, il a passé son diplôme de guide, qui lui a permis de faire la connaissance d'Annie, touriste Suisse qui allait devenir son épouse. Désormais établi à Genève, Dawa est maçon la semaine et court le week-end.

Au mois de février, il a réalisé un rêve fou :
représenter son pays aux Jeux Olympiques d'hiver à Turin. Il a de plus eu l'honneur d'être le porte-drapeau de sa délégation, lui, l'unique représentant Népalais de ces Olympiades! Sacré souvenir pour cet athlète attachant dont tous ceux qui le côtoient louent la gentillesse et la simplicité. Il nous explique, avec Annie, comment il est encore possible de nos jours d'incarner l'esprit olympique selon le Baron de Coubertin.

Comment t'est venue l'idée de cette participation aux J.O. ?

En 2002, lorsque j'ai remporté l'"Himalrace"au Népal (épreuve de 1000km. sur 23 jours), j'ai été contacté par le Comité Olympique de mon pays, qui m'a proposé de participer aux Jeux Asiatiques d'hiver, dans une discipline où je pourrais m'entraîner en Suisse : le ski de fond. Du coup, j'ai pris 3 cours et j'ai participé à cette épreuve au Japon. J'ai terminé dernier, mais heureux!

Quels ont été tes soutiens pour préparer ce défi ?

Côté népalais : aucun! Ici, j'ai reçu divers soutiens logistiques pour pouvoir m'entraîner : Patrick Raemy de la Féclaz a officié gracieusement, tout comme mon coach aux J.O. : Michel Patrick. Mon employeur m'a également soutenu, mais j'ai surtout reçu le soutien moral d'énormément de gens, appartenant au monde de la course à pied, notamment.
Le ski de fond ne semble pas être courant au Népal …
Hélas non! Le terrain trop accidenté ne s'y prête guère. Par contre, j'aimerais un jour pouvoir permettre à de jeunes athlètes de mon pays de venir en stage ici pour apprendre cette discipline, ou encore la course à pied. Mais pour cela, j'ai besoin d'aide…

Ton meilleur souvenir pendant les Jeux Olympiques ?

La cérémonie d'ouverture, qui reste un moment émotionnellement très fort, et tous les encouragements que j'ai reçus.

Un regret ?

Le manque de contact avec les grandes équipes qui sont restées entre elles, très préoccupées par leurs performances.

Tu n'as pas côtoyé les "cadors" ?

Il y en avait beaucoup, bien sûr. Je suis très copain avec le fondeur Vittoz, par exemple, mais l'équipe de France ne logeait pas au village olympique.

Tu devais participer aux "50km. skating", et finalement…

Oui, j'ai changé, sur les conseils un peu forcés de la FIS. En effet, lorsque je me serais fait doubler sur le circuit, j'aurais été éliminé et "estampillé" abandon! J'ai donc participé en style alternatif, après m'être préparé tout l'été au skating sur des skis à roulettes!

Quel effet cela fait-il de porter le drapeau de son pays sous le regard du monde entier ?

Je suis très fier d'avoir porté les couleurs de mon pays, même si je connais les problèmes politiques au Népal qui affectent beaucoup la population.

Quel est ton prochain challenge sportif, maintenant ?

Les prochains Jeux Asiatiques en Chine et le Championnat du Monde au Japon en 2007. Et pourquoi pas le Canada, en 2010 !

Annie, en tant qu'accompagnatrice, comment as-tu vécu cet événement de l'intérieur ?

Pour moi, c'était extraordinaire! Dawa m'a fait un beau cadeau en me permettant de défiler avec lui dans le stade. Toutes ces lumières sur nous, cette foule, ces applaudissements!... Quelles émotions! La cérémonie de clôture était plus décontractée. J'ai trouvé beaucoup de ferveur autour de ces J.O. Mis à part le village de Sestrières, encore en chantier, nous avons bénéficié d'une bonne organisation.
 

GC

Dawa et Annie au JO 2006 à Turin

 

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Chardons Infos N°58

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