22.11.06 Les bonnes paroles du coach n° 1 de France
En lisant le progrès de lundi, nous n'avons pu résister à publier
quelques passages d'une interwiew accordée à Gérard Houillier, le
boss du club phare de France, l'Olympique Lyonnais.
En effet, même si il y a un monde d'écart entre les pros et les
amateurs, certains principes et attitudes préconisées par l'ex
professeur d'anglais, nous ont semblé bien proches du monde amateur
! Et on comprend mieux, les raisons de la performance réalisée par
l'O.L. hier soir à Madrid.
°Houllier
: "Je ne suis pas un rêveur"
Depuis votre arrivée à Lyon, que pensez-vous avoir apporté au club,
et à l'équipe ?
Il
y avait une équipe en place, trois ou quatre recrues, et en tant
qu'entraîneur, vous arrivez avec votre philosophie, votre vision des
choses. Déjà, je sentais que l'on pouvait avoir une autre approche
des matches, que l'on fasse preuve de maturité tactique. Ma
conception, c'est que tout le monde participe à la conception du
jeu, et que tout part de derrière. Je crois aussi à la notion de
contrôle du jeu, même si à certains moments, il faut au contraire
mettre beaucoup d'intensité. Je trouvais que Lyon jouait trop vite,
s'époumonait, et avait à force du déchet technique. Au lieu d'être
toujours à 100 à l'heure, je préfère que l'on ait la possibilité
d'avoir deux rythmes, que l'on soit capables de passer du 60 au 130
si l'on reste dans cette notion de vitesse. L'évolution du jeu passe
par la vitesse et la technique. Il faut des joueurs qui aillent vite
et soient puissants. J'aime aussi que
mes équipes aient une bonne approche mentale, dans la concentration,
l'application du geste technique, le contrôle de soi, le sens du
sacrifice, l'envie. Le match que l'on a récemment gagné à Marseille
est une bonne démonstration. Nos adversaires voulaient nous faire
mal et nous, nous sommes restés concentrés sur le jeu. J'aime qu'on
ait de la force de caractère.
Quel est votre principe de base pour éviter les sorties de route ?
Mon credo, c'est le travail, sinon vous ne pouvez pas progresser. On
ne programme pas un succès, mais on le prépare, et si on le prépare
bien, plus vite il peut arriver. Après d'autres facteurs entrent en
ligne de compte, comme la qualité des joueurs, les blessures, les
décisions arbitrales, la chance aussi, car il en faut, mais comme
l'a dit quelqu'un avant moi, un golfeur en l'occurrence, « plus je
travaille et plus j'ai de la chance ». C'est une formule qui dit
tout. Dans cet ordre d'idée, il faut toujours avoir en tête de
devenir meilleur qu'on ne l'a été. Mes joueurs doivent être en
quelque sorte des étudiants du jeu, avoir toujours le souci de
progresser. Trois choses essentielles comptent,
l'intelligence, l'envie et la force de caractère. Celui qui
s'appuie seulement sur son vécu est déjà en train de plonger.
Il n'y a que dans le dictionnaire que le mot
succès arrive avant le mot travail.
Comment vous définissez-vous en tant qu'entraîneur ?
Je
ne peux être bon que si l'on me fait confiance. Je crois en la
valeur de l'équipe, et de ce que j'appelle l'équipe derrière
l'équipe, c'est-à-dire le staff. Ensemble on gagne et on perd. Au
sein du staff, je veux qu'il y ait de la joie, que ça rigole, qu'il
existe un climat et une atmosphère détendus, je n'aime pas le
conflit permanent. Mais ce métier est finalement assez drôle, parce
que tu deviens meilleur en vieillissant. C'est un métier
d'expérience, de bilan de tes connaissances. A mon âge, tu es plus
aiguisé, plus rassurant. Je me suis senti meilleur en devenant
champion de France avec Lyon, que je ne l'étais lors de mon premier
titre avec le PSG. Le seul problème, c'est que si l'entraîneur doit
être un expert, un stratège, capable de créer un climat propice au
surpassement, le danger se situe au niveau physique. Et je
m'aperçois que j'ai de plus en plus de mal à récupérer après une
défaite. Heureusement, cela n'arrive pas souvent. Je ne sais pas
combien de temps je vais durer à ce poste, mais je sais que cela ne
peut marcher qu'avec de la passion et de l'enthousiasme. Quand
j'aurai perdu cet instinct animal qui veut que je cherche toujours à
gagner, j'arrêterai sans doute.
Quelles sont vos exigences ?
1)
Je veux de la discipline sur et hors du terrain, et des valeurs
simples comme le respect de l'autre, des horaires, de la tenue
vestimentaire du club etc...
2)
Je demande aux joueurs d'être des gagneurs, des compétiteurs
jusqu'au dernier quatre contre quatre de la séance d'entraînement.
En permanence, il faut se fixer des challenges, parce
qu'on ne gagne pas en faisant les choses à moitié.
3)
Je veux que l'on pense équipe en premier lieu. Les stars sont au
service de l'équipe et non l'inverse.
Si, aujourd'hui, un enfant vous demande votre avis, lui
conseillerez-vous de jouer au foot ?
Bien sûr, car le foot c'est un plaisir collectif et une activité
ludique. C'est un sport génial pour l'intégration sociale, pour la
santé, et c'est une école de vie avec des objectifs d'équipe. La
violence ? Il faut la combattre bien sûr, mais sans le foot, notre
société ne serait-elle pas encore plus violente ?
Interview réalisée par Antoine Osanna,
Christian Lanier et Jean-François Gomez
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