Quel est exactement votre rôle auprès de l’équipe Sénégalaise　? La préparation physique et la coordination des activités. Suivre l’entraînement, certes, mais pas seulement　: je dois régler des questions très pratiques, les transports, l’équipe médicale, l’état de la pelouse, organiser les chambrées pendant les stages. Etre attentif au moindre détail, tout savoir. Voire, résoudre les problèmes personnels des joueurs. L’objectif　: leur offrir un cadre psychologique clair, qu’ils n’aient aucun autre souci que le foot quand ils entrent sur le terrain. Il faut bien les connaître!

Quelle formation vous a permis d’atteindre ce niveau　? Depuis 1979, j’ai suivi consécutivement les 3 grandes écoles de foot　: Française, Brésilienne, et Allemande. J’ai acquis tous mes diplômes d’encadrement, mais ma formation continue tous les jours sur le terrain, et dans les stages de la FIFA. On doit garder sa curiosité en éveil, car l’évolution est permanente et rapide.

Quelle sont les principaux changements depuis 1979　? Sans conteste　: la vitesse. Les hommes sont de plus en plus rapides, et cette vitesse va encore augmenter. Le rythme de jeu a peut-être quintuplé　! Cela est dû aux progrès médicaux et en matière d’hygiène de vie et de biomécanique. De plus, la différentiation des spécialisations médicales a permis un bond prodigieux. Aujourd’hui, on assiste à une collaboration étroite entre les spécialistes de sport, de médecine, d’alimentation, et les préparateurs sportifs. De nos jours, on peut penser au médecin avant la blessure, prévenir plutôt que guérir. On veille aussi à se nourrir et à se comporter correctement. Par exemple, chez vous, j’ai vu certains joueurs sortir une cigarette après le match, cela me paraît aberrant, je vous avoue, même s’il s’agit d’un niveau amateur. Quand on demande un effort à son corps, on doit l’y aider.

Quelle différence majeure voyez-vous entre le foot africain et le foot à l’européenne ? Les Africains sont plus instinctifs, plus créatifs. Les gamins commencent par se faire leur foot dans la rue. Les Européens, eux, sont plus rationnels. Ils reçoivent une formation plus cadrée. C’est là-dessus que nous travaillons　: donner à nos joueurs le côté rationnel, sans tuer leur créativité. Préserver leur nature imaginative, les laisser prendre des initiatives tout en les amenant à prendre conscience de ce qu’ils font, mieux voir, mieux comprendre, pour agir au mieux, tout en conservant sa personnalité.

Cela ne vous désole-t-il pas de voir tous vos joueurs jouer hors du Sénégal　? Non, c’est une chance pour eux. Ce qui est crucial, c’est que nous veillions à former les jeunes au niveau local, pour l’avenir...

Qu’avez-vous retiré de votre passage à l’ES Cernex　? Ce fut une expérience positive pour tout le monde, je l’espère. J’ai apprécié l’accueil chaleureux que j’ai reçu. Le courant est passé, l’atmosphère était conviviale, et l’atmosphère, chacun participe à la créer. J’ai aussi apprécié les capacités d’organisation du club, et ses infrastructures. Quant à moi, j’ai toujours à apprendre en matière de technique ou de mode de fonctionnement. Chaque expérience est enrichissante. Et puis, je suis venu voir mon ami, Lili, et j’ai découvert la région.

Août 2001 ...un accueil chaleureux !

«Une équipe, ce n’est pas quelques stars. Si un joueur n’est pas au mieux, c’est toute l’équipe qui y perd ». Des séances adaptées au groupe à qui elles s’adressaient. Mais ce que nos joueurs ont principalement retenu de Laye, c’est «un homme simple, une personnalité exceptionnelle. Il perçoit les gens, est derrière chaque joueur, corrigeant patiemment le moindre geste ». «Il est venu quelques semaines, a rencontré une foule de joueurs, mais il a tout de suite retenu nos prénoms ». «Il sait ce qu’il faut dire et quand le dire ». «Il est serein dans ses explications, et ses remarques sont toujours positives, constructives, si bien que l’on ne peut jamais y répondre. Ce ne sont jamais des reproches ».　 Bref, si l’homme jouit sans doute au départ d’une certaine «aura» due à son titre, c’est surtout une personnalité subtile qui lui a valu les faveurs de nos joueurs. «Et quand il voit que les joueurs en redemandent, il est toujours prêt a donner plus ». Dans l’ensemble, nos joueurs se sont félicités de la venue de Laye à Cernex. «A refaire　! »

ID