La valeur n'attend pas le nombre des années......
de foot! A 13
ans, Charline Lucchesi en est la preuve vivante, qui vient d'intégrer
l'école de foot féminin de l'Olympique Lyonnais en sport-étude.
Précisons pour les amis de l'E.S. Cernex que Charline est bien la petite
fille qui venait voir jouer son papa Eric, voici quelques années, sur
les bords du terrain des Chardons. Le foot, pour elle, n'a longtemps été
qu'un spectacle agréable. Sportive, elle l'était, certes, puisqu'elle
pratiquait le ski et la natation en compétition. Mais pas précisément
footeuse. Et puis l'an passé, elle a décidé d'essayer… C'est une
révélation pour ce sport, collectif et qui se pratique au grand air.
Elle commence à Chilly, en Benjamins, avec les garçons, et tout de
suite, fait savoir que "si elle doit partir loin à cause du foot, elle
le fera". Au mois d'avril, de son propre chef, en fouinant sur le site
de l'OL, son club fétiche, elle s'inscrit pour un stage de foot féminin…
et est retenue immédiatement après les tests d'entrée. Une place sans
doute pas usurpée, puisqu'à Pentecôte, elle avait aussi été repérée pour
intégrer l'équipe de district de Haute-Savoie lors d'un tournoi à Poisy.
Et pourtant, elle n'y croyait guère, car après moins d'une année de
pratique ses "jonglages" n'étaient pas encore au point. Les coaches ne
s'y trompent cependant pas. Si la technique n'est pas encore acquise,
Charline possède d'indéniables atouts : battante, ambitieuse, rapide,
endurante. A quoi s'ajoutent une force de caractère, une capacité
d'adaptation, et la maturité de savoir se donner les moyens de ses
ambitions. Des qualités rares chez une jeune fille de 13 ans, et qui lui
font adopter son nouveau rythme de vie avec une sérénité déconcertante.
Prise entre les matches et les entraînements, elle ne rentre désormais
chez elle qu'un jour par semaine. Encore moins que toutes ses collègues,
qui ont l'avantage d'habiter plus près de Gerland et bénéficient donc
d'un week-end plus confortable. Elle ne voit plus que très rarement ses
amis d'avant, doit se plier à des règles draconiennes de régime et de
comportement. Une sucrerie, c'est un demi-carton jaune ; un mauvais
comportement (même hors terrain) peut entraîner directement un rouge, ce
qui signifie l'exclusion du match suivant. Et malgré cette hygiène de
vie drastique, Charline n'a connu que 2 jours de blues, à son arrivée à
Lyon.
Elle
a repris l'entraînement une semaine avant l'école. Mais elle a tout de
suite été emballée par l'atmosphère qu'elle a trouvée entre ces filles
toutes très motivées. Si elles sont en compétition - elles sont 27
candidates pour les 14 ou 15 places proposées chaque week-end - les
anciennes ont intégré leurs nouvelles collègues sans faire de manières.
Charline s'est sentie très bien acceptée par les autres. Elle voue une
grande admiration à Anne-Sophie, son entraîneur, ancienne pro, qui est
selon elle pour beaucoup dans l'ambiance chaleureuse qui règne entre les
filles.
Maintenant, elle enchaîne les semaines, en classe de 4e comme toutes les
filles de son âge, mais avec 3 entraînements par semaine et un match
chaque samedi. L'accent est par ailleurs mis sur la musculation. Elle
occupe habituellement le poste d'arrière droit. Son équipe se déplace
sur la région Lyonnaise, où elle affronte les équipes de garçons du
championnat classique. Et les filles n'y sont pas ridicules, puisque son
équipe s'est classée 3e du championnat l'an passé. D'ailleurs, Charline
se félicite de cette concurrence masculine : "Ca fait des matches très
disputés. Les garçons ne veulent pas perdre la face contre des filles,
et nous, on ne veut pas être prises à la rigolade!" Sa maman, qui est
aussi sa première fan, confirme : "Elles n'hésitent pas à foncer, elles
en veulent!"
Charline
Lucchesi
Pour l'heure, Charline ne boude pas son plaisir, elle savoure chaque
minute de sa formation. Elle attend impatiemment de jouer en lever de
rideau de l'équipe féminine senior, afin d'avoir plus de contacts avec
elle, et elle bénéficie déjà de petits avantages : une place gratuite
pour les matches de l'OL, le droit d'entrer dans le centre
d'entraînement… A long terme, sa formation en elle-même est un atout,
puisqu'on y insiste fortement sur la nécessité d'apprendre un métier:
les filles savent qu'elles ne vivront pas de leur art. Néanmoins, le jeu
à haut niveau ouvre des portes pour l'avenir, celles de certains grands
concours.
A long terme, Charline aimerait jouer en foot pro, et être… prof de
sport! Pour les années qui viennent, à 16 ans, elle aura 3 possibilités
en fonction de son niveau : soit 2 lycées "classiques", soit, pour les
meilleures seulement, un lycée avec un rythme adapté et beaucoup plus
d'entraînements par ailleurs. Et comme Charline n'aime guère la
demi-mesure, c'est cette dernière option qu'elle vise! Habituée à
gagner, elle reconnaît cependant : "Depuis que je suis à Lyon, j'accepte
un peu mieux la défaite, parce que nous sommes très solidaires, et que
nous sommes toutes des filles".
Dans l'immédiat, Charline rêve d'organiser une rencontre avec ses amis
de Chilly… sur le terrain, pour un tournoi ou un match amical contre son
équipe de Lyon. Juste histoire de leur mettre la pâtée!
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