Chardons Infos N°64 - Printemps 2009

 

     

Rémi Cusin: le début d’un cycle

 

Des débutants aux Vétérans, la passion est une constante que l'on retrouve dans chaque sport. Quelques pratiquants, les plus vernis mais surtout les plus doués, arrivent à faire rimer passion et profession. Nous avons rencontré l'un d'eux, Rémi Cusin, qui, après s'être essayé à plusieurs disciplines (dont le foot, pendant deux saisons à Neydens) s'est lancé à fond dans et sur le vélo. Depuis cette année, il est cycliste professionnel dans l'équipe Agritubel, équipier, entre autres, de Christophe Moreau. "Pro" mais aussi sociétaire du vélo club de St.-Julien qui cette année a vu revenir, tel le messie, le fils du charpentier. Rémi partage sa vie entre ses deux "petites reines", la délicieuse et dynamique Amandine, et sa bicyclette.

Nous avons profité de l'amabilité de notre homme, qui n'a pas pris ne serait-ce qu'un pépin de la "courge" qu'arborent certains sportifs qui réussissent, pour lui demander de raconter à nos lecteurs ses toutes premières épreuves professionnelles.

 

Dimanche 1er Février : Grand Prix "La Marseillaise". 130 km.

 

Ma première course pro, dans laquelle j'espère prendre une échappée dans le but de me faire connaître. En effet, en tant que néo-pro, il faut savoir faire sa place, car elles sont chères (il y a beaucoup de coureurs sur le marché), et le meilleur moyen est de montrer un caractère d'attaquant. Je dois aussi (et surtout) aider l'équipe et mes leaders à faire une bonne course en usant de choix tactiques, primordiaux dans notre sport. C'est ce qui me plaît le plus dans le vélo : ce n'est pas forcément le plus fort qui va gagner!

 

Les déplacements entre l'hôtel et le départ de la course se font avec le bus de l'équipe, qui est entièrement aménagé : salon, banquettes, bar, 2 douches, toilettes. C'est vraiment l'endroit intime où nous faisons la réunion d'avant course, pour rester concentrés et nous couper quelques minutes de l'ambiance festive typique des départs d'épreuves.

 

Pour ce qui est de la course en elle-même, il n'y avait pas de leader désigné avant le départ. J'ai participé à la première échappée, mais nous nous sommes fait reprendre. La fin de course est mouvementée, des coureurs sont "sortis" dans le col de la Gineste pour aller disputer la victoire.

Je finis dans le peloton avec mes autres coéquipiers et garde un bon souvenir de ma première course chez les Pro.

 

Du 4 au 9 Février : l'Etoile de Bessèges

 

Première étape: 150 km sur les routes plates de Camargue, avec des attaques dès l'entame. Plusieurs fois, je remonte Romain Feillu (l'un des sprinters de l'équipe) afin qu'il reste placé pour l'arrivée. Il finira 5ème, alors que je termine dans le peloton.

Après l'étape, on se douche dans le bus de l'équipe et on rentre à l'hôtel, où nous attendent 45 mn de massage pour récupérer avant le souper, qui est aussi un moment privilégié où l'on décompresse de la journée.

 

Deuxième étape: Même distance que la veille, mais parcours plus vallonné et "piégeux".

Je prends l'échappée du jour (90 km) et passe second en haut du seul col répertorié du jour. Le peloton nous rattrape à 40 km de l'arrivée, qui se juge au sprint.

 

Troisième étape: Elle est marquée par des conditions climatiques apocalyptiques (pluie, grêle, orages, 2°C), et raccourcie par les organisateurs. Peu à mon aise, je finis dans un groupe, à 8 mn.

 

Quatrième étape: de nouveau 150 km à rouler, mais sous un beau soleil.

Je réussis à me glisser avec les fuyards, dont tous les leaders des autres équipes, et passe en tête les deux cols de la journée. Hélas! Il me manque des qualités de sprinter pour finir mieux que 14ème. Par contre, j'endosse le maillot du 1er au classement de la montagne!

 

Cinquième et dernière étape: Je dois défendre mon maillot sur une route vallonnée pendant 145 km. Thomas Voeckler, leader au général, contrôle la course avec son équipe et laisse partir quelques coureurs peu dangereux pour la gagne. Je termine dans le peloton et remporte le classement de la montagne qui, ajouté aux deux grosses échappées, rendent mon bilan plus que satisfaisant. Néanmoins, la saison est longue et j'ai encore beaucoup de chemin à parcourir pour prouver que j'ai ma place dans le peloton professionnel.

 

1er Mars : Kuurne-Bruxelles-Kuurne

J'aborde ma première course en Belgique, où le vélo est roi, avec un peu d'appréhension, car je n'ai jamais fait de monts en pavés. Cela me fait bizarre de me retrouver au départ à côté du prestigieux et futur vainqueur Tom Boonen. Je tente en vain de sortir sur la partie plate, avant qu'une chute ne provoque une cassure dans le peloton. Coincé dans le second groupe, je termine à 8 mn, mais frissonnant de plaisir grâce aux encouragements d'une foule impressionnante de spectateurs.

 

4 Mars : Mémorial Samyn

Sous la pluie et dans le froid et le vent, une échappée part après une cinquantaine de kilomètres. Je fais partie des fuyards et alors qu'une partie du peloton est sur le point de nous reprendre, mon directeur sportif me demande d'attaquer de nouveau. Je réussis à prendre 35 secondes en 15 km et passe en tête le secteur de pavés en montée. Je suis rejoint par quelques contre-attaquants, et dans le dernier tour nous partons à trois nous disputer la gagne. Quels moments stressants et palpitants! J'effectue le gros du travail, mais je suis tellement content d'être là! Au sprint, je termine second pour mon premier podium chez les "Pro". Du coup, je rate le train du retour à cause... du protocole! Il est des imprévus plus sympathiques que d'autres...

 

En conclusion, je suis conscient d'avoir beaucoup de chance de faire un métier qui me fascine et de vivre de ma passion, nonobstant les difficultés d'entraînement, surtout avec des hivers pareils!

 

Rémi Cusin

(www.remicusin.com)

 

 

Le grand public est souvent épaté par les performances des cyclistes qui pratiquent un sport si difficile. Mais la médaille décernée à ces athlètes par le plus grand nombre a son revers, d'autres émettant un doute concernant la manière utilisée. Cyclisme propre est souvent perçu comme un oxymore! Rémi nous livre son sentiment à ce sujet.

 

" Le dopage est trop souvent associé exclusivement à notre sport. Ma chance est d'arriver dans une période où celui-ci est sévèrement puni. Il faut savoir que nous sommes souvent contrôlés au hasard en course, et de manière systématique en cas de victoire. Nous sommes soumis au contrôle longitudinal, c'est-à-dire convoqués dans un laboratoire d'analyses médicales agréé par la fédération tous les deux mois. Par-dessus tout, depuis un an, nous devons remplir un carnet de présence afin que les agents de l'ADAMS (Anti-Doping Administration and Management System) sachent où nous trouver à tout moment!

 

Beaucoup de sports, dont le foot, n'ont pas adhéré à ADAMS, sous prétexte d'atteinte à la vie privée, ce que l’on peut toutefois comprendre, vu les contraintes que cela représente. Le cyclisme avance dans le bon sens."

 

GC

 

 
 
 

      

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