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L’étape du Tour
L’édition 2013 s’est ainsi déroulée le dimanche 7 juillet au départ d’Annecy pour arriver au sommet du Semnoz. Le profil de cette 21ème édition, un parcours très nerveux de 130 km, entièrement dessiné dans le Massif des Bauges, n’offrait pas beaucoup de temps de repos, le dénivelé étant réparti entre six ascensions. Le bouquet final s’effectuait sur les 11km de la montée du Semnoz, qui présente des pourcentages impressionnants allant parfois jusqu’à plus de 14%. 11475 participants au départ, et 10 624 coureurs à l’arrivée, dont quelques anciens pensionnaires de l’Etoile Sportive, notamment Nicolas Dauvergne, Alexandre Pérrillat et Laurent Deffayet. Les deux plus jeunes, qui participaient pour la première fois à une course cycliste, reviennent sur cet exercice et nous livrent leurs impressions. Comment l’idée de faire cette étape du tour vous est-elle venue ?
Alex : Bien entendu, depuis qu’on est jeunes, on suit le tour de France en tant que fans. On a toujours fait un peu de vélo, mais moi, je m’y suis vraiment mis lorsque j’ai arrêté le foot.
Puis avec Crapaud (alias Nico), on s’est vite pris au jeu. Cette année, on a commencé à pratiquer régulièrement après l’opération du genou de Crapaud.
Le but était pour lui de faire une bonne rééducation. Et ensuite, comme on s’entraînait pas mal depuis déjà deux ans, on a décidé de se lancer, d’autant plus que c’était à côté de chez nous. Et l’avantage avec cette étape, c’est que c’était une des rares à faire une boucle, et donc qui nous permettait d’arriver d’où nous étions partis. C’est bien plus pratique pour l’organisation. Quel a été votre programme d’entraînement ? Nico : Deux entraînements par semaine, depuis le mois de février. Mais ça n’a pas toujours été évident, du fait des conditions climatiques très difficiles cette année. J’ai d’ailleurs une anecdote à ce sujet. Le 30 mars, j’appelle BTV (alias Alex) pour planifi er une sortie. Il veut absolument faire le Salève. Je lui dis : «t’es sûr qu’il y a plus de neige ?» et il me répond : «T’inquiète pas, depuis les Follats, ça à l’air dégagé !» On se met donc en route, à moitié sous la pluie, en pleine caillante, et résultat : on arrive à la Grotte du Diable, où la route est bloquée par plus de 50 cm de neige ! La sortie fut bien plus courte que prévue. Bravo BTV ! Alex : Sinon, on a parcouru environ 2000 km en guise d’entraînement avant la course. Environ 30 km par sortie au début, puis 50, et enfi n plutôt 100, surtout le week-end. La perspective de cette épreuve nous permettait de garder la motivation pour l’entraînement. C’est important d’avoir un objectif. Avez-vous reconnu le parcours de l’étape avant l’épreuve ? Nico : Oui, au mois de juin, le lendemain d’une soirée au resto entre amis. Ca a été une journée un peu galère, sous la pluie. De plus, on s’est légèrement perdus, car le pont de l’Abîme, au-dessus du Chéran, était fermé, et on a dû faire un gros détour. On a quand même fait les 130 bornes prévues, en 6 heures environ, mais on n’a pas pu faire la montée du Semnoz. Alex : D’ailleurs, ça m’a mis dans le jus pour le jour J. En effet, j’ai craqué dans l’ascension finale, en partie parce que je ne connaissais pas le parcours. Crapaud avait eu l’occasion de grimper ce col un autre jour. C’était vraiment difficile, en cette fi n d’étape, et je m’étais mis dans le rouge pendant les trois quatre premiers kilomètres. Ensuite j’ai rencontré quelqu’un qui m’a dit : «Encore un peu de courage, dans quelques kilomètres ça sera bien moins dur, avec même une légère redescente». On ne devait pas parler de la même chose car j’ai jamais vu le fameux replat, pire encore, les pentes étaient indiquées à près de 12%. Ca m’a vraiment mis un coup au moral, et coupé les jambes! J’ai terminé l’ascension en alternant la marche et le vélo, comme beaucoup de participants, je pense, et j’ai perdu une heure. Est-ce que vous aviez un objectif particulier pour la course ? Alex : Terminer avant tout, surtout que j’avais un peu mal au genou. Je n’étais pas très optimiste. Crapaud m’a lâché assez vite dans la première montée, mais il s’est cassé la gueule un peu plus loin, car il y avait un nombre ahurissant de coureurs sur la route et lorsqu’il fallait de dépasser, ce n’était vraiment pas facile. Nico : surtout quand il s’agit d’anglais, qui bien sûr ne doublent pas du même côté que les autres ! Pas de bobo, mais sur le coup ça m’a bien énervé ! Alex : Il a râlé un peu, puis il est remonté sur le vélo, et après je l’ai plus revu. Il a fait un super temps : 1813ème en 5h50. Je finis 5478ème en 7h02, et Lolo (Laurent Deffayet) 472ème en 5h10. Nico : En guise de comparaison, on peut donner le classement de quelques huiles. Alain Prost arrive 526ème en 5h12 et Paul Belmondo 2567ème en 6h06. Le premier termine en 4h13. Il s’agit de Nicolas Roux, coureur chevronné qui s’entraîne depuis son plus jeune âge et aurait pu faire une carrière de professionnel. Enfin, le dernier concurrent vient à bout de l’exercice en 10h56. Sur le Tour, le vainqueur chez les pros, Nairo Quintana, le colombien, terminera l’étape en 3h39 ! Qu’est-ce qui vous a le plus marqué durant cette épreuve ? Est-ce que vous vous attendiez à cela ? Nico : Lolo, qui pratique beaucoup et qui à l’habitude des courses cyclosportives nous avait briefés et donné quelques conseils. Mais on ne s’attendait pas à un tel monde. Alex : Il y avait des gens de toutes les nationalités, de tous les âges, et pas forcément tous avec un physique de sportif; c’était impressionnant ! Nico : Certains font la course juste pour le folklore, sans entraînement, avec du matériel vraiment limite, des pneus mal gonflés, pendant que d’autres se désaltèrent avec un verre de blanc au ravitaillement ! Les premiers kilomètres de course étaient assez atypiques car il y avait un monde fou et beaucoup de gens déjà en galère au niveau mécanique. On partait par pelotons de 3000 coureurs toutes les dix minutes. Les personnalités en premier, avec les habitués, et en dernier les petits nouveaux, dont nous faisions partie. C’était le premier jour de chaleur de l’année, et lors des ravitos, tout le monde voulait remplir ses bidons. À chaque arrêt, on perdait forcément beaucoup de temps. J’ai décidé de ne pas m’arrêter lors du dernier approvisionnement, mais ce ne fut pas une bonne idée car ça m’a manqué dans la montée finale. Alex : Moi, je me suis arrêté, mais ça n’a pas fait beaucoup de différence! J’étais tellement lessivé qu’après l’étape, je n’étais pas sûr de pouvoir faire la descente jusqu’au Pâquier, où était installé le village d’arrivée. J’ai vraiment galéré, mais une fois l’effort définitivement terminé, la première chose que nous avons faite a été de déguster une bonne bière fraîche, bien méritée ! Ce fut vraiment une très bonne expérience, à tous les niveaux. Quelles qualités faut-il pour participer à ce type de course ? Alex : Bien entendu, le mental est primordial, et c’est mieux d’avoir déjà roulé en peloton car ce n’est vraiment pas évident, il faut tout le temps être vigilant. Le poids est aussi très important, notamment pour grimper; les coureurs légers ayant beaucoup plus de facilités dans les cols. Mais avant tout, l’essentiel est de prendre du plaisir sur vélo, admirer les paysages… De plus, ce n’est pas du tout un sport traumatisant. Même s’il est difficile, il ne laisse pas de stigmate le lendemain comme le foot peut le faire, par exemple. Nico : On peut ajouter qu’il faut vraiment s’y prendre très tôt si l’on veut participer à cette épreuve car il faut s’inscrire six mois à l’avance. De surcroît, ce n’est pas non plus à la portée de toutes les bourses : 100 euros, alors qu’une course classique revient à 30-40 euros. Mais l’organisation d’un tel événement est loin d’être aisée, et l’encadrement était vraiment à la hauteur, sans parler du public… De nouvelles courses en vue ? Alex : Peut-être une fois de temps de temps, une petite course comme celles des Glières, qui fait 100 km, et que nous avons faite quelques semaines après l’étape du Tour. Mais, maintenant on a quand même bien levé le pied. La preuve, depuis cet été, on est remontés sur un vélo, seulement aujourd’hui, quatre mois après.
Romain Gilbert
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