Chardons Infos 70

Printemps  2012

 

 

 

  Le foot, quelle histoire !

 

Quand on voit l’importance qu’a prise le football dans notre société, on peut légitimement se demander pourquoi cette discipline est devenue le premier sport «mondial» en termes de licenciés, d’enjeux économiques et de visibilité.


Commençons par le commencement. Le football trouve son origine au Moyen Âge, dans un jeu qui s’appelle la choule, en Normandie et en Picardie. Ce jeu (non pas encore un sport) est pratiqué surtout dans les universités, et on en trouve trace dès 1147 en France. Il s’agit en fait de l’ancêtre à la fois du rugby et du football. Cette discipline restera populaire jusqu’au XIXe siècle, où les anglophones lui donneront le nom de « football du peuple » (par opposition au football tout court, qui était réservé aux gentlemen, et qui est celui que nous connaissons aujourd’hui). Les autorités n’aimaient quant à elles pas beaucoup ce genre de manifestation dont le nombre de participants n’était pas limité. On voyait ainsi des parties de plusieurs centaines de participants occupés à se frapper dessus dans une mêlée inextricable. Mais c’est dans la seconde moitié du XIXe siècle que naît réellement la version moderne du football, chez les insulaires britanniques en particulier. La première fédération anglaise de football date de 1863.


D’ailleurs ; les premiers clubs naissent même avant la Fédération : on peut citer Sheffield F.C. , par exemple. De nombreux clubs majeurs comme Aston Villa, Arsenal, Manchester United, se créent peu après, tous à la fin du XIXe siècle.


Dans les années 1920-1930 apparaissent les raisons du succès actuel du football : c’est dans cette décennie que de nombreux pays adoptent le statut professionnel (Hongrie, Espagne, Argentine, France, Autriche, Brésil). Ce statut précoce peut expliquer le rapide développement de ce sport et dénote l’engouement très précoce qu’il suscite. Ainsi, la première coupe du monde aura lieu dès 1930. Le Mondial de 1938 en France sera suivi d’un intermède de 12 ans, l’Europe étant plongée dans la guerre. Il faut noter que cette coupe du monde est déjà marquée par la politique, puisque l’Autriche n’y participe pas, ayant été rattachée à l’Allemagne (Anschluss). De plus, parmi les pays d’Amérique du Sud, seul le Brésil a pu se déplacer en Europe (les autres pays n’ayant pu se permettre financièrement d’envoyer une délégation outre Atlantique).


On est aujourd’hui bien loin de ces modestes débuts. La question du salaire des joueurs revient sans cesse sur le devant de la scène. Dans les années 1960, un international ne gagnait guère plus de 2x un SMIC. Jusque dans les années 80, les rémunérations des joueurs restent en retrait par rapport ce qu’on peut voir dans d’autres disciplines sportives comme le golf, le basket-ball ou la boxe. Aujourd’hui, les choses ont bien changé, notamment si l’on compare le salaire d’un joueur moyen avec un SMIC. Cela n’empêche pas le football, un siècle et demi après sa démocratisation, de rester le sport populaire par excellence. Et ce, malgré les scandales qui ont pu entacher le milieu à la fin du XXe siècle et au début de l’actuel (on n’a pas a remonter bien loin pour se remémorer l’affaire des matchs truqués en Italie, ou l’épisode peu glorieux de l’équipe de France à Knysna). Cela tient principalement au fait que le football a finalement su faire fi des barrières sociales et gagner toutes les classes à sa cause, des plus pauvres aux plus riches, mais également parce que c’est un des seuls sports à avoir été adoptés avec la même ferveur à peu près n’importe où dans le monde. Cette globalisation engendre bien sûr des enjeux économiques sans commune mesure avec n’importe quel autre sport, et explique, en partie, la démesure qui s’est emparée du monde du football professionnel.


Le transfert de Cristiano Ronaldo au Real Madrid pour 97 millions d’euros ? Simple affaire d’investissement, de bénéfices ou d’image de marque ? Les plus cyniques diront que les enjeux financiers sont si gigantesques que c’est en économiste et en chef d’entreprise qu’il faut appréhender ce sport, tout ça au détriment du football amateur. Les sommes gagnées par certains sont difficiles à appréhender concrètement, et c’est peut être bien là l’indécence : gagner autant en tapant dans un ballon, avec habilité, certes… c’est un peu simpliste mais c’est pourtant la vérité. La donne n’a finalement guère changé depuis l’antiquité ou le Moyen Âge : Panem et Circensens («du pain et des jeux»), et les gens oublient leurs soucis à coups de centaines d’euros pour se permettre de rêver un peu, parce que le rêve, lui, n’a pas de prix.


(D.C.)

     
     

 

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