On ne s'improvise pas… improvisateur

    

Christophe Tournier est un ancien gardien de but du club. De ce sociétaire exemplaire, beaucoup se souviennent de sa prestation sur le terrain au Tournoi de l'Amitié, habillé en clown (avec les chaussures qui vont avec!!!)

Peu savent cependant que Christophe est un pro de l'impro. Non seulement il évolue au sein d'une troupe d'improvisation théâtrale, mais il a également écrit un manuel sur le sujet !


En plein "Talents du coin", nous lui avons demandé des précisions sur l'impro et sur ses souvenirs du club. Christophe nous livre un passionnant témoignage sur le club, le foot, l'impro…

P.S. : Christophe a gentiment offert au club un exemplaire de son bouquin. Si vous souhaitez le lire, prière de contacter le soussigné.

 

Si tu devais définir brièvement l'impro ?
L'improvisation est la capacité d'accepter tout ce qui vient et d'aborder le présent sans avoir aucun texte préparé à l'avance ni aucun a priori sur ce qui va advenir…

Comment cela t'est venu ?

À l'atelier théâtre, j'appréciais de jouer avec mes propres mots. J'ai fait du théâtre et je suis revenu à l'impro.

Qu'est-ce que cela t'apporte ?

Au premier abord, rien de très palpable, sinon le plaisir de s'amuser. Avec le recul, une capacité sans faille d'adaptation aux changements, la faculté de rechercher le bonheur plutôt que l'ennui, une plus grande confiance en soi, de l'humilité et un peu plus de courage !

Est-ce que la pratique du foot t'a servi pour l'impro?

Oui. Le foot m'a apporté un meilleur esprit d'équipe. Il m'a donné plus de résistance face au stress et il m'a appris la modestie de la défaite.

Et le contraire?

Oui. Un match de football est une improvisation totale de 22 joueurs. Les joueurs improvisateurs doivent avoir une bonne vision du jeu et de la vivacité. Si j'étais entraîneur de football, je donnerais des exercices de nature à développer la spontanéité des joueurs. Le joueur doit se fier à son instinct, à la première intention que lui dictent ses pieds sans passer par sa tête. Le second but de Maradona contre l'Angleterre pendant la coupe du monde 86, le contournement du gardien de la Tchécoslovaquie par Pelé en 70 sont des moments uniques, dépassant le simple cadre de la technique. Ils ont été créés sous l'œil bienveillant de la fée de l'improvisation.

C'est pas un peu stressant de se remettre en question de cette manière, à chaque fois?

Oui. Parfois on se dit qu'on joue le tout pour le tout en une soirée comme lors d'une finale de Coupe. Néanmoins le stress engendre la crispation et il n'est pas le meilleur moyen d'aborder un spectacle d'impro. Imaginez : plusieurs centaines de spectateurs attendent le début du spectacle. Pendant ce temps, concentrés, les improvisateurs sont décontractés et souriants, ils parlent de la pluie et du beau temps. Dans quelques secondes, ils vont jouer et les mots vont naître de leur bouche. Fluides.

 

Lors de vos matchs d'impro, vous avez des "trucs" pour rebondir, au cas où ?
Non. Surtout pas. Les techniques d'improvisation, chaque semaine éprouvées, nous enseignent l'art de rebondir en toute circonstance. Si nous avions préparé à l'avance, cela sonnerait creux. Là réside un des mystères de l'improvisation.

On sait que Jamel a débuté par des matchs d'impro. C'était le "Zidane" de l'impro?

Oui. Il a eu une courte carrière dans le petit monde de l'impro, mais il était bien un "Zidane" de l'impro. D'ailleurs, la fée de l'impro l'accompagne toujours.

A la fin d'un match d'impro, c'est comme après un match de foot: on boit des bières?
Oui. Les improvisateurs adorent faire la fête.

 

GC

 

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Chardons Infos N°58

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