décidé Etienne, François et Régis Vulliet à prendre part au Paris - Dakar 2007 au guidon de 3 motos.

C´est la première fois que 3 frères se présentent simultanément à moto au Paris-Dakar. Alors, si tous trois arrivent…

Les difficultés apparaissent dès la première étape, près de Lisbonne... la première anecdote aussi : un concurrent qui a chuté sous mes yeux après avoir pris soin de m'éviter, perd sa balise de détresse dans le sable en repartant. Il peut être disqualifié pour ça… Je ramasse l'objet et je le rends discrètement à son team manager, à la fin de l'étape, ne faisant que suivre l'esprit d'entraide qui règne sur le rallye…

Dans la péninsule Ibérique, quelle ferveur populaire ! A l'embarquement à Malaga, c'était le délire. Ca nous a rappelé l'atmosphère des premiers "Dakar", où nous n'étions alors que spectateurs, venus admirer les stars, Auriol, Neveu et Rahier!

Au Maroc, froid, tempête, et pluie nous accompagnent sur les routes caillouteuses. Si le Maroc vendait chaque caillou un euro, il serait plus riche que l'Arabie Saoudite!

Le désert mauritanien est vraiment... désert. Dur, aride et monotone, aussi, malgré des paysages grandioses, comme la passe de Mena, ou les rochers qui ressemblent à des éléphants, après Tichit. Entre la Mauritanie et le Mali, choc culturel! La rivière traversée, tout change. On aperçoit (enfin) des filles aux vêtements colorés.

En Mauritanie, on ne voyait que des hommes. Ici, une pleïade d'enfants rigolent et nous applaudissent au pied d'arbres couverts de fleurs roses.

Le Sénégal annonce les premiers Baobabs, et le sol rouge nous procure des sensations nouvelles au niveau du pilotage. La glisse et les freinages sont très différents du sable.

Cette année, des contrôles de vitesse par GPS ont été instaurés pour limiter les risques d'accident dans les villages, tant redoutés par la population locale. Le système semble bon, même s'il peut encore être amélioré. Ainsi, rouler à 30 km/h dans le sable mou est très dur. Les sous récoltés grâce aux amendes ont été versés à une association d'aide au développement de l'Afrique. Je n'ai malheureusement pas contribué à cette excellente démarche, n'ayant commis aucun excès!

En tant que concurrent, je salue l'organisation pour son travail énorme et efficace, et les équipes de pointage, pour leur petit mot toujours juste en cas de pépin.

Tout au long de la course, nous nous sommes efforcés de ne jamais trop regarder le classement, sachant bien qu'au début, nous étions dans la seconde moitié. Nous savions que nous progressions au pointage de départ, d'après ceux qui partaient avec nous. Il est parfois frustrant de se faire doubler et de rouler aussi prudemment, mais ce qu'on voulait, c'était atteindre Dakar. Donc, au niveau du pilotage, peu de sensations, mais beaucoup de prudence et de retenue. Jamais, nous n'avons mis la moto en travers ou sauté une dune. Le rallye est une compétition, nous sommes des compétiteurs, et parfois, c'est rageant de se faire doubler, même si bien souvent, on revoit les mêmes en fin de journée.

Plusieurs fois, avec François, nous avons ralenti à l'arrivée du Mitsubishi n° 300 de Luc Alphand et de son coéquipier Piccard. Nous l'encouragions fermement dans les spéciales. Et même à plus de 180 km/h, il lâchait toujours son volant pour nous saluer. Je suis sûr qu'il avait reconnu les "collègues" montagnards!

Le départ sur la plage est vraiment un moment de forte intensité dans une vie de motard. Plus que 15 km, mais partir à 20 de front dans le sable mou est délicat, et tout peut encore arriver. Les 4 km de plage donnent des sensations intenses, à vitesse très élevée. Puis, dans les dunes, la pression se relâche. Nous avons savouré les derniers km à petite vitesse. Un grand moment de fraternité et d'amitié, avec un seul de mes frères, François, (Régis a malheureusement dû abandonner suite à une chute et un problème mécanique) et un vrai copain, Fabrice. Une bonne surprise de la part des autres amis : le champagne juste avant le podium! Quel soulagement d'avoir réussi ce challenge après 5 ans de préparation! En plus, nous avons été très applaudis sur le dernier kilomètre, et même par Mélanie Suchet et Carole Montillet! Juste après, France Télévision nous réclamaient pour un direct à Stade 2! Tous les copains étaient autour de nous et semblaient heureux d'être là. Ne manquait que Régis.

Nous avons passé 2 jours après le rallye à Pikine Est, chez Ibou et Detché, 2 amis Sénégalais rencontrés il y a 2 ans. La survie à Dakar nous a frappés et vite ramenés à la réalité africaine. Avoir des contacts avec l'Afrique et apprécier l'accueil de ces gens qui n'ont pas grand chose et qui organisent un repas et une fête pour nous, avec presque rien, c'est important.

Nous avions pu retrouver notre maman, lors d'une journée de repos, puis à Dakar. Ce furent des moments émouvants. Le retour l'est tout autant, avec les nombreuses attentions touchantes que nous réservent les nôtres.

Le froid et la neige nous ont vite remis dans le contexte. Il y a un mélange de fatigue, de soulagement et de diarrhée … persistante ! Néanmoins, il faut plusieurs jours pour réaliser que c'est fini. Et l'avoir fini avec son frère, c'est encore plus fort. Dans ce mélange de satisfaction et de fatigue, on pense à tous ceux qu'on a fait rêver, mais aussi à la pression qu'on fait subir à ses proches, soulagés de nous revoir pas trop abîmés…

Dimanche 21 janvier 2007 Etienne et François à Dakar

Pas tout de suite, mais après...