Quand nos gamins jouent aux
Chardons
Quand nos gamins jouent aux
Chardons
Le
foot animation, ce sont des
dizaines d’enfants qui se
retrouvent chaque mercredi
pour l’entraînement et
chaque samedi pour les
matches ou plateaux. Les U11
et U13 ont même un autre
créneau d’entraînement dans
la semaine, et les gardiens,
quant à eux, ont un
entraînement spécifique
supplémentaire le mercredi…
Ce qui implique tout plein
de rencontres et de
déplacements pour les
parents… Bon nombre d’entre
eux viennent chaque semaine
soutenir leurs petits lors
des matches, et souvent le
mercredi, surtout aux beaux
jours, quand l’heure d’été
rend le soleil plus clément
et la pelouse plus
attirante… Parmi ces
supporters de la première
heure, les plus assidus, et
parfois les moins objectifs,
se trouvent toutes sortes de
profils. Il y a…
La maman qui n’en a pas
grand’chose à faire du foot,
mais qui a dû céder devant
l’insistance de son rejeton
qui se voit déjà en Zidane.
Comme toutes les mamans du
monde, bonne pâte, elle fait
contre mauvaise fortune bon
coeur et profite du soleil
et du spectacle de son petit
qui exulte quand son équipe
score, bien qu’elle n’aille
pas jusqu’à approfondir les
règles du hors-jeu. Son fils
étant en U7, elle se
contente de s’attendrir en
le voyant planer au lieu de
se mettre en défense. Elle a
tout de même quelques
contreparties, comme de
passer un moment au grand
air, sans s’occuper de
lessive ou de repas… Et de
retrouver les copines qui
papotent autour du terrain
avec elle! Ce qu’elle ne
sait pas encore, c’est
qu’elle apprendra les règles
en même temps que lui, au
fil des matches, et souvent
elle se prendra au jeu quand
il deviendra U11… pour
contredire l’arbitre
lorsqu’il atteindra les U13!
Le papa qui passe dès qu’il
rentre du boulot le mercredi
soir, et qui ne rate pas un
match le week-end. Souvent
ancien footeux lui-même, il
observe attentivement les
progrès de son enfant et de
l’équipe entière. Prêt à
donner un coup de main, il
aime discuter avec
l’entraîneur des évolutions
et améliorations… ou des
revers… et a parfois du mal
à se contenir devant les
injustices subies par son
fils (ou supposées)… Il lui
arrive de finir par prendre
place dans le vestiaire (et
autour de la table) des
vétérans le jeudi soir (à
moins qu’il n’ait fait les
choses dans l’autre sens)…
S’il s’emporte parfois,
c’est que, n’ayant pas été
lui-même détecté comme futur
Zidane en son temps, il
espère bien que son fils le
sera. Il attend donc la plus
grande attention du coach,
et la plus grande
concentration du petit, qui
n’est pas forcément aussi
acharné que lui!
Le papy, qui garde son
petit-fils le mercredi et a
donc pensé que ce serait
bien de lui faire faire
quelque chose… Lui-même
mordu de foot, il retrouve
une seconde jeunesse sur le
chemin du stade, et une plus
grande complicité avec le
gamin, à qui il est prêt à
tout proposer, de
l’équipement complet de
Marseille ou de Saint-É
jusqu’au match à ETG le
samedi soir! Et le cadeau
n’est pas forcément pour
celui qu’on croit!
La petite soeur ou le petit
frère, qui, n’ayant que 2 ou
4 ans, n’a pas le choix et
doit bien suivre le
mouvement! Le cadet y trouve
généralement son compte,
profitant de son moment aux
Chardons pour explorer les
recoins secrets de la butte
derrière le terrain, en
compagnie d’autres petits du
même âge que lui. C’est la
machine à laver qui est
précieuse, ensuite.
Et
puis, ne les oublions pas
car ils sont nombreux, il y
a les parents-encadrants,
coaches ou accompagnateurs,
qui se donnent sans compter
parce qu’ils aiment bien le
foot et encore plus quand ce
sont leurs enfants qui le
pratiquent. Les autres leur
font confiance,
reconnaissant leur sérieux
et leur attention.
Le samedi, autour de la main
courante, on entend la maman
qui parle replacement et
obstruction, les parents qui
commentent les qualités de
l’équipe verte «qui nous
avait déjà mis une raclée la
dernière fois, mais qui en
ont mis une bien pire aux
voisins», le papa qui,
planté derrière les buts,
soutient tout
particulièrement un gardien…
qui porte le même nom que
lui! On entend beaucoup de
«Allez Untel!» qui nous
renseignent sur la mode des
prénoms au fil du temps.
Beaucoup de «Allez Cernex!»
qui nous font chaud au coeur,
à nous qui organisons tout
ça! Des commentaires entre
parents de clubs différents
qui parviennent bien souvent
à cette conclusion que les
gamins sont les mêmes sous
les maillots bleus, verts,
jaunes, ou sous les blancs.
On entend parfois un père un
peu trop exigeant avec son
fils, ou qui veut remplacer
l’entraîneur, mais
heureusement, on n’entend
jamais de commentaires
méchants pour l’adversaire…
On parle de petits, pas de
pros! Qu’un d’entre eux
finisse par terre, et ce
sont tous les regards qui se
voilent d’inquiétude, quelle
que soit la couleur de la
tenue.
On devient amis avec les
parents des équipiers de son
enfant. A la buvette, tandis
que l’un ou l’autre paie le
café, on parle parfois foot,
mais aussi, travaux de
jardin, éducation (voire,
aux matches de l’EPC :
orientation!), travail,
habitat et construction dans
la région, vacances,
voiture, bien sûr, ou
encore, parfois, match des
vétérans de la veille! Bref,
la main courante des
Chardons, c’est un monde à
elle seule!
Mais qu’un but soit inscrit
par notre équipe, et on
s’arrête un instant : c’est
le bonheur autour de la
pelouse!
Isabelle Déprez
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