Le foot, quelle histoire !
Quand
on voit l’importance qu’a
prise le football dans notre
société, on peut
légitimement se demander
pourquoi cette discipline
est devenue le premier sport
«mondial» en termes de
licenciés, d’enjeux
économiques et de
visibilité.
Commençons par le
commencement. Le football
trouve son origine au Moyen
Âge, dans un jeu qui
s’appelle la choule, en
Normandie et en Picardie. Ce
jeu (non pas encore un
sport) est pratiqué surtout
dans les universités, et on
en trouve trace dès 1147 en
France. Il s’agit en fait de
l’ancêtre à la fois du rugby
et du football. Cette
discipline restera populaire
jusqu’au XIXe siècle, où les
anglophones lui donneront le
nom de « football du peuple
» (par opposition au
football tout court, qui
était réservé aux gentlemen,
et qui est celui que nous
connaissons aujourd’hui).
Les autorités n’aimaient
quant à elles pas beaucoup
ce genre de manifestation
dont le nombre de
participants n’était pas
limité. On voyait ainsi des
parties de plusieurs
centaines de participants
occupés à se frapper dessus
dans une mêlée inextricable.
Mais c’est dans la seconde
moitié du XIXe siècle que
naît réellement la version
moderne du football, chez
les insulaires britanniques
en particulier. La première
fédération anglaise de
football date de 1863.
D’ailleurs
; les premiers clubs
naissent même avant la
Fédération : on peut citer
Sheffield F.C. , par
exemple. De nombreux clubs
majeurs comme Aston Villa,
Arsenal, Manchester United,
se créent peu après, tous à
la fin du XIXe siècle.
Dans les années 1920-1930
apparaissent les raisons du
succès actuel du football :
c’est dans cette décennie
que de nombreux pays
adoptent le statut
professionnel (Hongrie,
Espagne, Argentine, France,
Autriche, Brésil). Ce statut
précoce peut expliquer le
rapide développement de ce
sport et dénote l’engouement
très précoce qu’il suscite.
Ainsi, la première coupe du
monde aura lieu dès 1930. Le
Mondial de 1938 en France
sera suivi d’un intermède de
12 ans, l’Europe étant
plongée dans la guerre. Il
faut noter que cette coupe
du monde est déjà marquée
par la politique, puisque
l’Autriche n’y participe
pas, ayant été rattachée à
l’Allemagne (Anschluss). De
plus, parmi les pays
d’Amérique du Sud, seul le
Brésil a pu se déplacer en
Europe (les autres pays
n’ayant pu se permettre
financièrement d’envoyer une
délégation outre
Atlantique).
On est aujourd’hui bien loin
de ces modestes débuts. La
question du salaire des
joueurs revient sans cesse
sur le devant de la scène.
Dans les années 1960, un
international ne gagnait
guère plus de 2x un SMIC.
Jusque dans les années 80,
les rémunérations des
joueurs restent en retrait
par rapport ce qu’on peut
voir dans d’autres
disciplines sportives comme
le golf, le basket-ball ou
la boxe. Aujourd’hui, les
choses ont bien changé,
notamment si l’on compare le
salaire d’un joueur moyen
avec un SMIC. Cela n’empêche
pas le football, un siècle
et demi après sa
démocratisation, de rester
le sport populaire par
excellence. Et ce, malgré
les scandales qui ont pu
entacher le milieu à la fin
du XXe siècle et au début de
l’actuel (on n’a pas a
remonter bien loin pour se
remémorer l’affaire des
matchs truqués en Italie, ou
l’épisode peu glorieux de
l’équipe de France à Knysna).
Cela tient principalement au
fait que le football a
finalement su faire fi des
barrières sociales et gagner
toutes les classes à sa
cause, des plus pauvres aux
plus riches, mais également
parce que c’est un des seuls
sports à avoir été adoptés
avec la même ferveur à peu
près n’importe où dans le
monde. Cette globalisation
engendre bien sûr des enjeux
économiques sans commune
mesure avec n’importe quel
autre sport, et explique, en
partie, la démesure qui
s’est emparée du monde du
football professionnel.
Le
transfert de Cristiano
Ronaldo au Real Madrid pour
97 millions d’euros ? Simple
affaire d’investissement, de
bénéfices ou d’image de
marque ? Les plus cyniques
diront que les enjeux
financiers sont si
gigantesques que c’est en
économiste et en chef
d’entreprise qu’il faut
appréhender ce sport, tout
ça au détriment du football
amateur. Les sommes gagnées
par certains sont difficiles
à appréhender concrètement,
et c’est peut être bien là
l’indécence : gagner autant
en tapant dans un ballon,
avec habilité, certes… c’est
un peu simpliste mais c’est
pourtant la vérité. La donne
n’a finalement guère changé
depuis l’antiquité ou le
Moyen Âge : Panem et
Circensens («du pain et des
jeux»), et les gens oublient
leurs soucis à coups de
centaines d’euros pour se
permettre de rêver un peu,
parce que le rêve, lui, n’a
pas de prix.
(D.C.)
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