Hier après-midi, ont eu lieu les obsèques de Claude PHILIPPE, président d’honneur du club. De nombreux joueurs et dirigeants, anciens et nouveaux, avaient tenu à lui rendre hommage. Et, c’est sous les applaudissements des joueurs que son cercueil est sorti de l’Eglise. Voici ci-dessous l’un des textes, retraçant sa vie et son engagement pour le club, qui a été lu à l’Eglise.
» Claude PHILIPPE est né le 19 décembre 1940 à Genève, un lieu de naissance dont il avait horreur qu’on lui rappelle ! Par contre, il adorait préciser qu’il était né la même année que le roi Pelé et le même jour que Benzema ! Claude est le fils de Benjamin PHILIPPE et de Denise, née DUVERNAY. 4 ans plus tard, Denis, son petit frère, comme il l’appelait affectueusement, viendra compléter la famille.
Claude réside au Fayet, Benjamin ayant un commerce de négoce en vins. Il fréquente le collège Sainte-Marie de la Roche-sur-Foron pendant plusieurs années, puis le Petit-Séminaire de Thonon et enfin chez les frères à Saint-Joseph. Sa future voie avait été tracée par sa maman Denise qui avait décidé qu’il serait curé. Mais, à son grand désespoir, Claude va choisir un autre Dieu, Bacchus, celui du vin. Après avoir aidé Benjamin dans son négoce, Il fait ses premières armes chez Mercier à Douvaine avant d’intégrer les Vins Duvernay et les Caves du Chatelet de ses cousins Roland et Roger. Claude était un dégustateur très professionnel, passionné et précis, ainsi qu’un commercial redoutable. Il écume toute la Vallée de l’Arve, fait prospérer l’entreprise et se lie d’amitié avec ses clients. Au Fayet, chaque jour, il contemple avec admiration les montagnes qui l’entourent, qu’il aura presque toutes escaladées avec ses amis d’enfance. Effectuant son service militaire à Modane, il rencontre une jolie fille, Josette GIACONE, qu’il épouse en avril 1964. 3 garçons et 1 fille naîtront de cette union. Déjà, il a une âme de dirigeant en étant président-fondateur du FC Montjoie et conseiller municipal de Saint-Gervais durant un mandat.
En 1973, il vient habiter la grande maison de ses arrières grands-parents à Cernex, une maison qu’il retape avec son papa Benjamin. Il apprend, à son contact, à tailler les arbres fruitiers, à cultiver un potager immense et s’adonne à la chasse, étant président de la société locale durant une année. Ses enfants étant en âge de jouer au foot, il rentre tout naturellement au comité de l’Etoile Sportive de Cernex, et prendra la succession du Président Léon DEPREZ en 1984. A la maxime de ce dernier qui répétait sans cesse, « comme qu’il en soit fait, tout le monde joue », Claude rajoutera le terme « Bien ». Et on pourrait compléter par « longtemps » car Claude va diriger le club, avec passion, entourée d’une équipe dévouée, durant 19 ans. Homme extrêmement convaincant, optimiste de nature et visionnaire, Claude a su fédérer de nombreux dirigeants et suscitait le respect de la part des joueurs dont plusieurs passeront dans les mains expertes de son ami, le chirurgien Pierre Chambat à Lyon.
Dès son élection, il s’attache à structurer le club en créant des commissions, en intégrant dans son équipe des femmes, chose très rare à l’époque, et en créant des évènements phares comme le tournoi des as réunissant les 4 meilleures équipes du département. Mais, sa plus grosse réussite et la plus pérenne sans doute, sera la réalisation du terrain d’honneur.
Durant plusieurs années, il va harceler, il n’y a pas d’autres mots, Bernard Pellarin pour la réalisation d’un nouveau terrain, un projet très compliqué du fait de son appartenance à une propriétaire assez irascible et qu’il réussira malgré tout à convaincre.
Un terrain, le Stade des Chardons, inauguré en 1991, que Claude va scrupuleusement observer, détectant la moindre maladie de la pelouse, comme le fil rouge ou le plantin trop envahissant.
Durant sa présidence, le club va connaître un essor considérable avec notamment une accession au championnat régional sous la baguette du duo Hervé MUSQUERE-Louis VIGNE.
Des assemblées générales rondement menées et très suivies, les fastueux repas au club house, les sorties de ski, les stages d’avant-saison, les matchs en Italie, les séances de dégustation de vins avec un groupe de joueurs, l’accueil dans sa maison de nombreux joueurs, dirigeants et entraîneurs, reflétaient bien la générosité de Claude car rien n’était trop beau quand il s’agissait du club. Il participe activement à la réalisation de la revue « Chardons Infos » en dégottant un imprimeur improbable. Grâce à ses relations et à son sens de persuasion, il réussit également à recruter plusieurs arbitres officiels afin d’être en règle avec le District de football de Haute-Savoie Pays de Gex.
Il réussit également à faire venir au club quelques excellents joueurs et un entraîneur de renom, Dédé COISSARD, ex-joueur de l’équipe de France amateur qui a participé aux jeux olympiques de 1952. Pour toutes ses actions en faveur du sport, Claude recevra plusieurs médailles du District de foot et de Jeunesse et Sports.
En juin 1986, le décès de son fils Laurent va profondément le marquer ainsi que Josette. Avec l’aide de ses amis et de sa famille, il surmonte sa peine mais évoquera souvent le souvenir de son fils disparu. Puis les accidents successifs d’Amelie et de Pascal, vont l’ébranler encore un peu plus.
La naissance de ses 4 petits-enfants lui offre un rayon de soleil, surtout que, les jumeaux, Benjamin et Jeremy chaussent très tôt des chaussures de foot ; il a alors pour eux des yeux de chimène. En 2005, il quitte la présidence mais reste au comité comme président d’honneur et intègre le bureau du district de Football Haute-Savoie Pays de Gex. Avec Josette, ils décident de fuir les hivers rigoureux de Haute-Savoie, et après quelques années de location d’une maison à M’Bour au Sénégal, construisent une belle demeure. Là-bas, c’est « Papy Claude le Sénégaulois ». Grâce à un ancien sélectionneur de l’équipe nationale de foot, Laye SARR, il se lie d’amitié avec les autorités locales et assiste à de nombreuses manifestations sportives, matchs de foot et combats de lutte notamment. Sa porte est toujours ouverte et nombreux les sénégalais qui auront pu bénéficier de son hospitalité.
Mais les années passent, et la vieillesse commence à se faire sentir. Après plusieurs ennuis de santé, il est victime d’un accident vasculaire cérébral en 2014, l’année de ses 50 ans de mariage. Doté d’une force de caractère peu commune, il arrive à surmonter ce coup du sort, et retrouve presque la totalité de ses moyens physiques. Mais, l’AVC a laissé des traces, son caractère déjà prononcé l’est encore plus, ses émotions sont difficilement maitrisables et il devient imprévisible. En mars 2017, il rentre à la maison de retraite de Cruseilles, bientôt suivi de Josette. Le 25 août de la même année, Josette, très fatiguée, s’éteint paisiblement pour le grand désespoir de Claude. S’ensuit alors une période assez compliquée pour Claude qui devient à la fois la mascotte mais aussi la terreur de la Maison de retraite. Torse nu avec un gros cigare à la bouche, dans le parc d’entrée, il apostrophe les résidents ou le personnel de sa grosse voix. Et, à chacune de nos visites, il n’aura que cette expression à la bouche « Quoi de neuf au club ? ».
Progressivement, son état va se détériorer et après plusieurs séjours à la maison de retraite médicalisée de Saint-Julien, il rendra son dernier souffle ce vendredi 11 février au matin. Pour terminer cet hommage, et malgré les circonstances sourions un peu avec cette anecdote. « Dimanche dernier, à un match de foot, un ancien entraîneur m’a demandé si la sépulture de Claude avait lieu à Cernex, je lui ai répondu, non, au Stade des Chardons ! ». Repose en paix Claude ! »