LE TOUR DU "PROPRIETAIRE"

 

La remise du 1er er prix à Copponex nous a permis de converser avec le directeur du Tour de France. Voir aussi l'article

Nous en avons profité pour lui remettre un questionnaire pour notre revue. Malgré un emploi du temps dont on imagine la complexité, la réponse a été rapide et son contenu démontre l'application mais aussi l'implication dont a fait preuve Christian Prudhomme pour le "Chardons Infos".

Sa simplicité, qui contraste avec ses grandes responsabilités, nous laisse à penser que la "grande boucle" est entre de bonnes mains.

 

Le passionné de vélo que vous êtes, devenu directeur du Tour de France, doit se pincer tous les matins pour être sûr de ne pas rêver ?

 

J’ai, évidemment, comme beaucoup, contracté le virus du cyclisme dans ma jeunesse.

 

Les coureurs étaient les héros de mon enfance. Plus tard, j’ai voulu commenter leurs exploits. Le rêve s’est réalisé à la radio et à la télévision. Mais jamais je n’aurais pensé être à la place qui est la mienne aujourd’hui. Lorsque Patrice Clerc et Jean-Marie Leblanc m’ont proposé en 2003 de les rejoindre à la direction du Tour, cela a dépassé le rêve.

 

Le protocole vous laisse-t-il le temps d’apprécier toutes les animations créées autour du Tour ?

 

Comme vous l’imaginez, mes journées sont plutôt chargées pendant le Tour. Il y a beaucoup de sollicitations, de problèmes à régler. Je n’ai pas le temps de tout voir.

 

Mais, dans la traversée des villages, je peux quand même jeter un coup d’œil à un beau monument que je ne connaissais pas ou à toutes ces décorations qui saluent le passage du Tour. En fait, c’est surtout le soir, à l’hôtel, en allumant la télé, que je peux découvrir des choses superbes qui m’avaient échappé pendant la journée.

 

Quel souvenir avez-vous de la traversée de Copponex, lauréate du concours, lors de cette fameuse journée de la Fête Nationale et de la région en général ?

 

C’était en effet le 14 juillet lors de l’étape entre Bourg-en-Bresse et le Grand-Bornand, et Copponex, ce jour-là, a vraiment donné tout son sens au mot "fête".

 

Vous avez merveilleusement rendu hommage au Tour, avec notamment cette belle idée du vélo humain réalisé par les enfants du village. Bravo aussi pour votre enthousiasme et votre originalité à l’occasion de la remise des prix au Salon des Maires de France.

 

Le tracé du Tour 2008 va permettre aux bénévoles du coin de se reposer. Merci pour eux! Mais «notre» Mont Salève s’ennuie des coureurs.

Pensez-vous à lui pour le futur ?

 

Christian Prudhomme recevant un panier de produits locaux

 

Le Mont Salève ravive pour moi de beaux souvenirs! C’était en 1973, lors d’une demi-étape disputée le matin entre Divonne-les-Bains et Gaillard. Luis Ocaña avait porté une attaque victorieuse qui allait lui permettre de prendre le Maillot Jaune et de le conserver jusqu’à Paris.

 

◄Christian Prudhomme recevant un panier de produits locaux

 

Je comprends que le Salève "s’ennuie" des coureurs, mais chaque année, le tracé du Tour doit prendre en compte de nombreux paramètres. En 2008, par exemple, il y aura au programme alpestre le Col de la Bonette, qui n’a plus été franchi depuis 1993.

 

Vous innovez cette année en supprimant le prologue et les bonifications. Quel est le but recherché ?

 

En ce qui concerne la suppression des bonifications, je suis personnellement sur le fond favorable au "temps réel".

 

Et pour 2008, la configuration du début de l’épreuve fait qu’elles ne s’imposaient pas : pas de prologue, puis trois étapes en ligne, un contre-la-montre, et très vite, le début de la montagne dans le Massif Central.

 

Pour ce qui est du prologue, je dirais qu’il s’agit d’une "absence" plutôt que d’une "suppression". En 2008, c’est toute la Bretagne qui sera à l’honneur à l’occasion du "Grand Départ".

 

Nous avons fait le choix d’un tracé "quadrillant" la plus grande partie possible de la région. Mais en 2009, pour le Grand Départ de Monaco, la première étape sera un contre-la-montre de 15 kilomètres, dont une partie courue sur le circuit mythique du Grand Prix de Formule 1.

 

Et l’interdiction des oreillettes, qui permettent aux coureurs de ne rien ignorer du déroulement de la course, ne pimenterait- elle pas davantage la compétition ?

 

Cela relève du pouvoir sportif et non pas des organisateurs que nous sommes. Pour ma part, je serais favorable à interdire les oreillettes sur certaines étapes. Cela contribuerait à nous donner une course plus débridée. Comme cela se passe dans les étapes sans assistance sur le Dakar.

 

On sait que votre préoccupation majeure est la sécurité de tous sur l’épreuve. D’une manière générale, l’institution du Tour de France ne pourrait-elle pas user de son poids pour développer le vélo de masse, grâce à l’amélioration du réseau cyclable, par exemple ?

 

Cette fois, la question serait à poser aux élus. Mais, par exemple, c’était l’une des principales motivations de Londres lorsque la capitale britannique s’est portée candidate pour un Grand Départ. Le Maire, Ken Livingstone, espérait que cela inciterait ses concitoyens à se mettre au vélo. Eh bien, depuis la venue du Tour, on a pu constater une augmentation sensible du nombre de cyclistes dans le centre de Londres.

 

En tant qu’ancien journaliste TV, comment jugez-vous la couverture de l’événement par vos anciens collègues?

 

Je me garderai bien de juger mes anciens collègues. Je retiens surtout la qualité des images qui nous sont offertes. Plus encore avec l’arrivée de la haute définition qui permet d’offrir un spectacle vraiment exceptionnel.

 

Votre périple annuel du mois de juillet vous permet de visiter notre pays en long, en large est en travers. Quel est votre coin «coup de cœur» ?

 

Mon coup de cœur est quotidien. Il y a en France une incroyable variété de paysages, et, pendant les trois semaines du Tour, c’est une découverte chaque jour.

 

(G.C.)

 
       
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Chardons Infos N° 62 printemps 2008

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